Featured Post

BFRC

I am posting this as a benchmark, not because I think I'm playing very well yet.  The idea would be post a video every month for a ye...

Wednesday, June 10, 2020

Houllebeq on Prévert

Cʼest une excellente occasion de sʼinterroger pourquoi la poésie de Jacques Prévert est-elle si médiocre, à tel point quʼon éprouve parfois une sorte de honte à la lire ? Lʼexplication classique (parce que son écriture « manque de rigueur ») est tout à fait fausse ; à travers ses jeux de mots, son rythme léger et limpide, Prévert exprime en réalité parfaitement sa conception du monde. La forme est cohérente avec le fond, ce qui est bien le maximum quʼon puisse exiger dʼune forme. Dʼailleurs quand un poète sʼimmerge à ce point dans la vie, dans la vie réelle de son époque, ce serait lui faire injure que de le juger suivant des critères purement stylistiques. Si Prévert écrit, cʼest quʼil a quelque chose à dire ; cʼest tout à son honneur. Malheureusement, ce quʼil a à dire est dʼune stupidité sans bornes ; on en a parfois la nausée. Il y a de jolies filles nues, des bourgeois qui saignent comme des cochons quand on les égorge. Les enfants sont dʼune immoralité sympathique, les voyous sont séduisants et virils, les jolies filles nues donnent leur corps aux voyous ; les bourgeois sont vieux, obèses, impuissants, décorés de la Légion dʼhonneur et leurs femmes sont frigides ; les curés sont de répugnantes vieilles chenilles qui ont inventé le péché pour nous empêcher de vivre. On connaît tout cela ; on peut préférer Baudelaire. […] Lʼintelligence nʼaide en rien à écrire de bons poèmes ; elle peut cependant éviter dʼen écrire de mauvais. Si Jacques Prévert est un mauvais poète cʼest avant tout parce que sa vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de son temps ; aujourdʼhui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que lʼœuvre entière semble le développement dʼun gigantesque cliché. Sur le plan philosophique et politique, Jacques Prévert est avant tout un libertaire ; cʼest-à-dire, fondamentalement, un imbécile.

I've always found this a bit much, ever since I read a Spanish translation in La alegría de los náufragos several years ago. Prévert may be the French Rod McKuen, or something close to that, but Houllebeq, whose name I can never spell for some reason, is just an asshole.  

2 comments:

Leslie B. said...

Gosh, I hadn't yet classified him as bad yet and the McKuen comparison is worrisome -- I'll have to think about this.

Jonathan said...

That comparison is a bit over the top. I actually have fond memories of Prévert from high-school French days, and my bad poetry idea is that McKuen is not as bad as we think.